Interview de Rebecca Marti, Etat-major, Azqore
Présentez votre métier et la représentation de celui-ci au sein de l'organisation. Quels sont les grands temps forts de votre métier sur l’année ?
Je travaille sur le programme Optima en tant que responsable de l'Etat-major. Ce programme de transformation vise à offrir les services d'Azqore à Société Générale Private Banking au Luxembourg, à Monaco et en Suisse ainsi qu’au Groupe Kleinwort Hambros (KH), dont le siège est à Londres. Plus qu’un projet de migration, c’est un partenariat fort entre Société Générale, Indosuez et Azqore pour enrichir et mutualiser la plateforme actuelle S2i. L'Etat-major coordonne et rythme le programme. Il assure le bon suivi de la gouvernance, du planning, des interdépendances avec les autres projets, du budget et des ressources.
Quel est votre parcours professionnel ? Comment avez-vous géré les différentes évolutions de votre carrière ?
Après un master spécialisé en Finance de Marché, j’ai effectué un stage en salle des marchés chez HSBC Paris en 2008. Puis, je suis partie au Luxembourg pour rejoindre la création d'un middle-Office OTC chez RBC IS (ex RBC Dexia). Forte de cette expérience de 6 ans avec des projets de migration de fonds, la mise en place de processus sur des activités complexes dans un contexte réglementaire grandissant, j'ai opté pour le Conseil afin d'acquérir un maximum d'expériences. Pendant 5 ans, j'ai ainsi pu piloter et participer à de nombreux projets réglementaires, organisationnels et stratégiques au Luxembourg, à Londres, Paris, Monaco et Zurich dans les Banques d'investissement, Banques dépositaires et Banques Privées. Puis, j’ai rejoint le pôle Consulting chez Azqore à Lausanne avec comme première mission de travailler sur la proposition de valeur pour Société Générale Private Banking.
En quoi être femme était un atout ou un handicap dans votre carrière ? Comment gérez-vous vie personnelle et professionnelle ?
Jusqu'à présent, je n'ai pas eu à me poser cette question. J'ai été choyée par mes supérieurs qu'ils soient masculins ou féminins. Je crois aux vertus du travail et des personnalités, quel que soit le genre.
En ce qui concerne la gestion de la vie personnelle et professionnelle, je gère comme tout le monde je pense - selon les priorités du moment qui évoluent en fonction des objectifs personnels, des opportunités professionnelles et des évènements familiaux.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de l’entreprise en matière de mixité ? Concrètement, quelles initiatives prenez-vous au quotidien, avec vos équipes, pour avancer sur le sujet de la mixité ?
Il faut dépassionner le débat et le voir à travers le prisme de la donnée. Cela fait 40 ans que les grandes écoles ont été ouvertes aux femmes. Elles représentent 50% des diplômés à la sortie des écoles de commerce. Or, nous constatons indéniablement un plafond de verre car elles ne sont que 30% dans les comités exécutifs. Pourtant, d'après l'étude 2019 de l'Observatoire Skema sur la féminisation des entreprises, on observe que les sociétés du CAC 40 dont au moins 40% des dirigeants sont des femmes, affichent une croissance à la Bourse de +240% contre +43% pour le CAC 40 entre 2009 et 2019.
La nouvelle génération a tendance à penser qu'il n'y a pas plus de différence de traitements que cela soit d'ordre salarial ou dans la nomination aux postes à haute responsabilités. Malheureusement le constat RH est différent.
Il faut progresser sur 3 axes :
- oser travailler dans la mixité afin de la faire perdurer à tous les niveaux ;
- s'assurer que le vivier de talents féminins soit maintenu entre la sortie des écoles de commerces et les grands évènements familiaux ;
- assurer l'inclusion, soit une équité aux postes managériaux jusqu'au Comité Exécutif.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes générations ?
Nous travaillons dans des administrations dont les fonctionnements sont bousculés et doivent s'adapter pour répondre aux défis du nouveau monde. La mixité est un sujet parmi d'autres évolutions culturelles, vectrices indispensables à la transformation. Chacun doit être conscient qu'il est vecteur de changement. Périclès disait: "Si on veut obtenir quelque chose que l'on n'a jamais eu, il faut tenter quelque chose que l'on n'a jamais fait."
08 septembre 2021